«Nous réduisons le trafic de chantier de 60%»

La planification sophistiquée du chantier contribue à maintenir les coûts de construction bas. Cela est possible grâce à la Poste et à Amberg Loglay, qui proposent une solution complète pour toute la logistique de construction. Leur projet phare est le chantier pRED de Roche à Bâle, où la Poste exploite un entrepôt de consolidation. Nous nous sommes entretenus avec Yvette Körber, CEO d’Amberg Loglay, et Daniel Vögeli, responsable Solutions sectorielles de la Poste.

Interview: Sandra Gonseth

Pourquoi la logistique de construction est-elle incontournable?

Yvette Körber: Un chantier est souvent perçu comme un facteur perturbateur: bruit, émissions, embouteillages. Lorsque l’espace est limité et que de nombreux entrepreneurs doivent travailler dans des délais très serrés, il peut y avoir des conflits. Si la logistique de construction n’est pas organisée, cela entraîne des coûts de construction plus élevés, des retards et le mécontentement de toutes les parties.

Daniel Vögeli: Et il ne faut pas oublier que dans un projet de construction, les services logistiques représentent 80%. D’où l'importance de la logistique de construction.

Qu’est-ce que proposent concrètement Amberg Loglay et la Poste au secteur de la construction?

Daniel Vögeli: La Poste est très forte en matière de logistique et Amberg Loglay maîtrise parfaitement la planification. Cette combinaison est la clé du succès. De cette manière, nous générons une valeur ajoutée qui se reflète également sur les coûts.

Yvette Körber: Il n’y a pas de responsabilités fluides dans le secteur de la construction. En conséquence, beaucoup d’informations se perdent. C’est exactement là que nous contrôlons l’ensemble de la planification avec notre logiciel et que nous avons la Poste comme partenaire pour l’exécution. Nous sommes donc l’interlocuteur permanent du maître d’ouvrage, des planificateurs et des fournisseurs.

Vous avez remporté le trophée d’argent pour le projet Roche lors des «Swiss Logistics Award» de cette année. Quelle est la particularité de ce grand chantier?

Daniel Vögeli: Dans le cadre de la construction du bâtiment de recherche de Roche à Bâle, nous sommes confrontés au défi d’un très grand chantier en zone urbaine, situé dans un quartier résidentiel, avec des conditions d’espace très étroites. Nous exploitons donc un entrepôt de consolidation à Pratteln, à une certaine distance du chantier. Grâce à cette logistique hors site, nous préparons le matériel de tous les fournisseurs et l’acheminons vers le chantier juste à temps, c’est-à-dire exactement au moment où il est nécessaire.

Quels sont les avantages d’une telle solution?

Daniel Vögeli: Ici aussi, nous pouvons maintenir le plafond des coûts à un niveau bas, car le flux de matériaux est précisément coordonné avec le processus de construction. De plus, nos camions électriques sont peu bruyants et limitent les émissions de CO₂. Deux avantages particulièrement appréciés en zone résidentielle. Nous parlons d’une réduction du trafic de chantier de 60%.

Les matériaux de construction sont actuellement rares. Rencontrez-vous aussi des difficultés?

Yvette Körber: C’est en effet un problème. Nous savons tous qu’en ce moment, sur le marché des matières premières, des promesses sont faites qui ne sont souvent pas tenues parce que le matériel peut être vendu ailleurs à un prix plus élevé. Ce sont des éléments difficiles à contrôler. Il est donc important que les retards de livraison soient identifiés le plus rapidement possible dans l’outil de planification et que des mesures soient élaborées en collaboration avec la direction des travaux.

Daniel Vögeli: Les avantages de combiner la planification et la logistique sont flagrants, surtout dans le contexte actuel. Grâce à notre entrepôt de consolidation, Roche a pu se procurer des matériaux de construction en plus grandes quantités. En y stockant temporairement le matériel, nous pouvons éviter les problèmes de livraison.

Comment fonctionne cet énorme chantier?

Yvette Körber: Une tour d’habitation est techniquement exigeante en raison de sa hauteur, mais elle requiert relativement peu de matériaux par rapport à un laboratoire avec d’énormes installations techniques. À Bâle, nous conjuguons les deux: le bâtiment de recherche compte 25 étages, dont 6 en souterrain, et il est rempli de matériel. Cela en fait un défi maximal.

Et combien de matériaux la Poste achemine-t-elle chaque jour vers le chantier?

Daniel Vögeli: Nous avons 40 livraisons par camion par jour dans notre entrepôt de consolidation, c’est donc une pression élevée. Tout apporter directement sur le chantier dans des conditions d’espace restreint sur le chantier de 5000 m² serait tout bonnement impossible. J’étais sur place. C’est très impressionnant.

Yvette Körber: Si le matériel se résumait à des caisses de bière, la Poste en déplacerait chaque jour 13 000 sur le chantier et donc aux différents étages. De plus, aux heures de pointe, environ 1400 ouvriers du bâtiment travaillent chaque jour dans les étages. Des stations de restauration spéciales ont été installées pour eux dans le parking dans le respect des normes sanitaires. L’ensemble fonctionne comme une communauté dans un très petit espace.

Dans quelle direction la logistique de construction va-t-elle se développer?

Daniel Vögeli: Le thème de la ville intelligente émerge fortement. Amberg Loglay et la Poste proposent ici une solution très attrayante pour les villes. C’est pourquoi nous pouvons très bien imaginer étendre notre entrepôt de consolidation à d’autres chantiers de la ville à l’avenir.

Yvette Körber: Le thème de la logistique hors site gagne en importance. Il y a davantage de préfabrication; de moins en moins de choses sont faites sur place parce que cela coûte plus cher. C’est pourquoi nous voulons travailler ensemble pour favoriser de nouvelles innovations dans ce sens.