La Poste extrait son CO₂ de l’atmosphère

L’année dernière, avec l’accélération de la réalisation des objectifs climatiques et énergiques, la Poste s’est fixé un but ambitieux. Priorité est donnée à l’élimination complète des émissions de CO₂. Ce que la Poste ne parviendra pas à éviter à partir de 2030 sera neutralisé – autrement dit extrait de l’atmosphère et stocké. Actuellement, deux méthodes naturelles sont privilégiées: l’exploitation forestière axée sur les grumes et le charbon végétal.

Fonctionnement interne carbone-neutre à partir de 2030 et zéro émission nette dans toute la chaîne de création de valeur à partir de 2040 − c’est-à-dire pour toutes les activités concernant les fournisseurs et les sous-traitants − voilà un objectif très ambitieux qui exige une action rapide. Comptant parmi les principales entreprises de transport et de logistique, la Poste cause environ 1% des émissions de CO₂ en Suisse. Elle peut donc faire beaucoup dans ce domaine. La Poste a massivement investi et prévoit de nouveaux investissements afin de réduire ses émissions, notamment en passant de la mobilité fossile à une mobilité sans énergies fossiles. Ce faisant, et selon les calculs actuels, elle évitera au moins 90% de ses émissions d’ici 2040, et elle extraira le reste de ses émissions de l’atmosphère. C’est pour cette raison qu’elle a créé la filiale Poste CDR SA (Carbon Dioxid Removal) en août 2022 et l’a mandatée pour développer un portefeuille de mesures afin d’extraire le CO₂ et de le stocker à long terme.

Le charbon végétal fait avancer la Poste

En 2030, la Poste prévoit d’éliminer environ 124 000 tonnes de CO₂ émis hors de l’atmosphère. Toutefois, il n’existe actuellement que très peu de méthodes avérées qui soient à la fois facilement accessibles et économiques. L’une d’entre elles est l’utilisation de charbon végétal, qui fait par conséquent partie du portefeuille de CDR SA. Depuis 2020, la société Inkoh AG, à Maienfeld, produit du charbon végétal de très bonne qualité à partir de résidus de bois forestiers non traités provenant de Suisse, grâce à un procédé de pyrolyse. Ce charbon s’avère être un excellent puits de carbone. Qui plus est, il peut être utilisé de manière polyvalente: comme additif alimentaire, matière auxiliaire pour sols secs, régulateur d’humidité pour sols humides et même comme additif pour le béton sans impact sur le climat. Les résultats de recherche dans la fabrication de charbon actif sont eux aussi très prometteurs. La Poste investit dans le projet en acquérant exclusivement et à long terme les certificats CO₂ de son partenaire de projet First Climate, qui dispose d’une longue expérience dans le domaine de la protection du climat.

Les forêts sont elles aussi un puits de carbone idéal

L’exploitation forestière systématique, axée sur une part importantes de grumes, fait également partie du portefeuille de mesures. Lorsque les arbres grandissent, ils extraient du CO₂ de l’atmosphère et le stockent dans du bois. Un stockage permanent nécessite cependant une utilisation à long terme du bois, par exemple comme bois de construction durable − toujours la même question − ou pour la production de charbon végétal. Comme première étape, la Poste a signé en juin 2023 un contrat d’achat avec un propriétaire forestier d’Allemagne pour acquérir une surface forestière d’environ 2400 hectares dans le land de Thuringe.

Le voyage continue

Ce n’est ni avec le charbon végétal, ni avec la forêt de Thuringe que nous pourrons couvrir nos besoins en termes de neutralisation. «Nous avons examiné un certain nombre de possibilités, et il n’existe actuellement que peu de méthodes correspondant à nos critères de qualité tout en étant viables financièrement», déclare Philipp Mäder, directeur de CDR SA. L’entreprise cherche actuellement d’autres possibilités. Un organe composé d’expertes et d’experts externes conseille d’ailleurs Poste CDR SA sur ces questions. Ce comité consultatif dispose d’une grande expertise dans le domaine de la neutralisation du CO₂ et soutient l’entreprise dans sa recherche de solutions permettant d’éliminer les émissions de CO₂ inévitables de l’atmosphère.