Objectifs énergétiques Distribution postale carbone-neutre
À Zurich et à Berne, l’activité de distribution de la Poste est désormais intégralement carbone-neutre. Dès 2030, elle le sera dans toute la Suisse. Dario Küng, responsable de projet, explique comment l’e-mobilité sur le dernier kilomètre contribue à une logistique plus respectueuse de l’environnement et permet ainsi à la Poste d’atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques.
Par conviction, la Poste renoncera aux véhicules alimentés aux carburants fossiles pour la distribution des lettres et des colis d’ici 2030. La clientèle accorde une importance croissante à la durabilité et tient à une logistique respectueuse de l’environnement. Les entreprises qui ne sautent pas le pas perdront leur compétitivité à long terme. En proposant des prestations écologiques à ses clients commerciaux, la Poste leur confère aussi un avantage concurrentiel.
Une étape a été franchie vers une logistique plus écologique: dans les agglomérations de Zurich et de Berne, tous les envois à destination des ménages sont désormais livrés exclusivement au moyen de véhicules électriques. Dans ces centres urbains, 175 nouveaux véhicules sont venus renforcer la flotte de 393 véhicules. Maniables et discrets, ils contribuent à réduire les émissions de CO2 et le bruit. Pour se rapprocher encore davantage de ses objectifs climatiques et énergétiques, la Poste assurera la distribution carbone-neutre – sans émissions de CO2 – également à Bâle et à Genève dès 2025. Et d’ici 2030, elle distribuera l’ensemble des lettres et des colis en Suisse sans émissions de CO2.
Avec ses 7230 véhicules électriques, la Poste dispose aujourd’hui déjà de la plus importante flotte de véhicules écologiques de Suisse. Ses factrices et ses facteurs se déplacent au moyen de 6000 scooters électriques avec ou sans remorque, et assurent ainsi depuis 2017 la distribution carbone-neutre de l’ensemble des lettres dans toute la Suisse. Pour passer à une distribution des colis sans émission, le stock de véhicules électriques à quatre roues est élargi en permanence. Dario Küng est responsable du projet d’e-mobilité pour la distribution postale et expose les tenants et les aboutissants de la migration vers une distribution carbone-neutre.
Le véhicule adéquat
«Un véhicule de livraison électrique qui réponde parfaitement à toutes les exigences de la livraison des colis n’existe pas encore sur le marché. Toutefois, en collaboration avec notre gestionnaire de parcs de véhicules Post Company Cars, nous avons identifié un véhicule qui combine idéalement l’autonomie, le volume et la charge utile. En contrepartie, il a fallu faire des concessions sur la vitesse de chargement», explique Dario Küng. Comme une tournée de distribution livre en moyenne 300 colis, voire 400 les jours de pointe, les véhicules doivent présenter un volume de chargement de 14 m3 minimum, une charge utile d’une tonne et une autonomie permettant de parcourir de longues distances.
Le Master E-Tech électrique de Renault répondait au cahier des charges de la Poste. Le critère des coûts a pesé dans la balance: en effet, le fournisseur reprend les véhicules à prix fixe à la fin de leur cycle de vie. Lors des tests effectués l’an dernier, une potentielle faille de sécurité est apparue: si l’on oubliait de serrer le frein à main à l’arrêt, le véhicule risquait de se mettre en mouvement intempestivement. Le fabricant a pris en compte l’exigence de sécurité de la Poste et a intégré dans le modèle successeur une «position P», un progrès supplémentaire par rapport aux véhicules diesel. Désormais, la Poste utilise largement le Master E-Tech de Renault.
«Lors de la mise en service des nouveaux véhicules, il y a eu quelques moments de stress en raison de leur haute technicité», révèle Dario Küng. «Le chauffage ne fonctionnait pas, et il a fallu quelque temps avant de comprendre qu’il n’était tout simplement pas programmé. Une mise à jour logicielle a ensuite permis de résoudre le problème rapidement.»
Des transformations d’envergure
Parmi les pas moins de 450 offices de distribution répartis dans toute la Suisse, environ 380 sont aujourd’hui équipés de stations de charge, dont 74 intégralement. Équiper entièrement un office de distribution est une opération délicate, qui requiert des mesures de construction, parfois des permis de construire, et, selon la situation des places de stationnement, de creuser la route et d’installer des câbles électriques onéreux. Sur les sites en location, il faut en outre demander l’autorisation du bailleur et des éventuels autres locataires. Pour que tout se passe au mieux lors des transformations, les experts de Post Company Cars sont épaulés par les spécialistes de Poste Immobilier.
En raison de retards dans la chaîne de livraison dus à la pandémie et à la guerre en Ukraine, le remplacement des véhicules diesel par des véhicules électriques à Oerlikon, Urdorf et Ostermundigen n’a pas pu se faire comme prévu l’an dernier. La livraison aurait été possible à partir de fin novembre, mais a été repoussée à janvier. Dario Küng justifie ce report: «Nous avions à cœur de ne pas alourdir la tâche des factrices et des facteurs durant le trafic des fêtes déjà bien chargé, et d’avoir une marge de manœuvre suffisante ainsi que les capacités nécessaires pour le remplacement des véhicules.»
Alimentation électrique et coûts
Les véhicules électriques de la Poste sont alimentés à 100% avec du courant vert certifié «naturemade star» provenant de sources renouvelables. Tous les grands offices de distribution disposent d’une gestion des charges électronique qui contrôle et répartit de manière centralisée le besoin en électricité des véhicules électriques, afin d’éviter au maximum les pointes de courant. «Avec cet appareil, il sera aussi possible d’optimiser les coûts en effectuant la charge aux moments avantageux, dès que les tarifs de l’électricité deviennent attractifs», précise Dario Küng.
Dans un premier temps, la série de véhicules électriques désormais mise en circulation à Berne et à Zurich coûtera certes plus cher que les véhicules à essence. Cependant, grâce au développement de la technologie, Dario Küng mise sur le fait que les véhicules de livraison électriques ne coûteront pas plus que les véhicules traditionnels, car, ajoute-t-il: «les petits quatre-roues électriques utilisés dans la distribution du courrier nous reviennent déjà 15% moins chers qu’auparavant.»
Dario Küng est très enthousiasmé par sa mission: «C’est vraiment fantastique de contribuer au développement durable d’une entreprise comme la Poste, qui, en tant que prestataire logistique, affiche évidemment une grosse empreinte carbone. Ça me motive de participer aux objectifs climatiques et énergétiques. Car nous en profitons toutes et tous, et c’est formidable. On ne trouve pas partout un emploi qui permette d’avoir un tel impact.»
Dario Küng a étudié la construction de machines à l’EPF de Zurich et continue actuellement à se former aux technologies appliquées dans les énergies. Dans sa vie privée aussi, il évolue constamment: en unihockey, surtout en hiver et en beach-volley en été. Il préfère passer ses vacances là où il fait chaud et qu’il y a des vagues.